Monsieur le Président
Vous attirez notre attention sur les problématiques de déplacements ferroviaires de la Région PACA, et plus spécifiquement, le projet de Ligne Nouvelle entre Marseille et Nice. Nous partageons totalement vos préoccupations sur la thrombose des déplacements que connaît notre Région, sous l’effet d’une démographie croissante, d’une demande de mobilité accrue et d’une attractivité touristique qui ne se dément pas. Dans le même temps, nous devons nous préserver de l’invasion de notre Région par les voitures et les camions, faire reculer le diesel et le carbone et agir pour la qualité de l’air et contre le dérèglement climatique
Une large partie de la réponse pour les liaisons à fort trafic est nécessairement ferroviaire, et même plus largement sur de nombreuses autres liaisons pour l’aménagement et l’équilibre du territoire régional. C’est pourquoi les forces politiques représentées sur la liste de « La Région Coopérative » (Europe Ecologie les Verts et Front de Gauche) ont agi de façon décisive depuis 1998 pour tripler l’offre TER, sous l’impulsion des deux vice-présidents aux transports Gérard Piel et Jean Yves Petit : acquisition de nouvelles rames, modernisation des gares et mise en accessibilité, gratuité pour les jeunes et les chômeurs et réduction tarifaire pour tous (carte Zou)… Dans le cadre des CPER, nous avons obtenu qu’une majorité des investissements sur la mobilité soit ferroviaire, ce qui a permis par exemple de réaliser les 3è voies entre Marseille et Aubagne, Antibes et Cagnes sur Mer, le doublement partiel de Marseille Aix, la réouverture de Sorgues Carpentras, la virgule d’Avignon TGV, la modernisation de Hyères La Pauline…
Cette politique offensive de développement des TER se heurte néanmoins sur le littoral de Marseille à Nice, à la capacité limitée de l’unique ligne ferroviaire existante où circulent également les autres trains nationaux, internationaux et de fret nécessaire à l’accessibilité et l’attractivité de notre Région. C’est pourquoi nous avons demandé et obtenu un débat public sur la construction d’une nouvelle infrastructure ferroviaire qui a confirmé sa nécessité en 2005. Nous profitons de cette lettre ouverte pour saluer le travail de votre association sur ce projet et votre persévérance, ainsi que toutes les Associations qui oeuvrent pour la défense et le développement du rail. « La Région Coopérative » s’appuiera naturellement sur ces citoyens engagés.
1 – Souhaitez-vous poursuivre le développement de l’offre TER et êtes-vous favorable au projet de Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur (LN PCA) entre Marseille et Nice ?
Nous poursuivrons évidemment cette politique de développement des TER en réaffirmant la forte priorité au rail et au service public de transport. Nous vous mettons en garde que cela n’est absolument pas acquis pour d’autres listes quand l’une y voit du « tout ferroviaire » ou qu’une autre prévoit une telle frénésie d’investissements routiers et autoroutiers qu’ils obéreront les capacités d’investissement dans le rail.
Le pilotage des relations avec la SNCF sera renforcé et la convention de service public réécrite, avec indemnisation des usagers quand le service est défaillant, un pilotage de proximité de l’exploitation et de la maintenance notamment sur la Côte d’Azur, des pénalités renforcées de la SNCF. Nous nous battrons pour que l’entreprise publique retrouve sa mission de service public que ses directions successives et les directives européennes de libéralisation que nous combattons lui ont fait perdre de vue. L’importance des efforts consentis par la Région aux TER (malgré un contexte budgétaire tendu) doit s’accompagner d’une hausse des moyens humains et financiers de la SNCF.
Pour amplifier ces efforts, nous devrons affronter les politiques d’austérité qui s’acharnent à réduire les budgets publics, baisser les dotations, transférer des compétences nouvelles sans ressources supplémentaires. La Région dispose de marges de manœuvre. Nous proposons par exemple un grand emprunt populaire régional, une mobilisation optimale des fonds européens et exigerons de l’Etat une fiscalité écologique : taxe poids lourds régionale ou contribution sur les péages autoroutiers reversée par l’Etat.
Nous sommes favorables au projet LN PCA entre Marseille et Nice pour les raisons mentionnées ci-dessus. Il permettra, en les rapprochant, de faire coopérer les métropoles de Nice et de Marseille car nous voulons « Une seule Région ». Il désenclavera par le rail la Côte d’Azur et ouvrira toute la Région sur l’Italie et la positionnera au centre de l’Arc Méditerranéen
2 – Pour notre association, la programmation du projet est trop tardive : la Priorité 1 doit être complétée par la section Est Var-Mougins pour désenclaver dès 2025 l’Est de la région et le renforcement des capacités du réseau existant à l’Ouest de Toulon. Au-delà, la Ligne Nouvelle complète de Marseille à Nice doit être réalisée avant 2030.
Quelle attitude adopterez-vous dans la conduite de ce projet par la Région ?
Quelle programmation/phasage du projet défendrez-vous ?
Le calendrier retenu par le Gouvernement n’est pas à la hauteur des besoins de la Région. C’est une folie de ne prévoir qu’à l’horizon 2030 le traitement des nœuds ferroviaires marseillais et niçois et reporter encore plus loin le reste du projet. Nous défendrons la priorisation du tronçon Le Muy Cannes (=Est Var-Mougins) et le traitement des nœuds ferroviaires pour une réalisation dès la prochaine décennie, et veillerons à ce que cela soit inscrit dans les actes administratifs (DUP, …) sur lesquelles des décisions seront prises dès 2016.
Mener à bien ce projet nécessitera là aussi d’affronter les logiques austéritaires et il reviendra à l’Etat de financer de façon décisive cet investissement public national majeur. La SNCF devra aussi participer à la hauteur des bénéfices qu’apportera ce projet à son activité TGV et aux péages d’infrastructure qu’elle percevra, ce qui requiert qu’elle s’intéresse d’abord à son activité ferroviaire, avant ses filiales routières. La Région accompagnera, à proportion de ses ressources, l’étude et la réalisation de cette infrastructure.
3 – Pour la Priorité 2, notre Association, propose une variante au coûteux et complexe passage par Toulon, consistant à partir d’Aubagne, à remonter vers le Centre Var à desservir, puis à utiliser le corridor de l’A8 pour rejoindre Le Muy à moindre coût.
Quelle est votre position sur cette variante ?
La décision du Gouvernement en 2009, de retenir le tracé des « Métropoles du Sud », sous la pression de ses maires UMP de Nice, Toulon, Marseille et Aix, a assurément plombé le calendrier de réalisation de ce projet en accentuant ses difficultés de financement.
Suite aux évolutions successives, il apparaît aujourd’hui qu’entre Aubagne et Est Var, la réalisation se fasse dans un second temps. Il n’est dès lors pas possible de se prononcer aujourd’hui sur une position définitive. Dans une logique de transparence et de participation citoyenne, « La Région Coopérative » s’attachera à maintenir ouvertes les différentes options, dont celle que vous préconisez d’un tracé plus direct par Brignoles et l’A8 qui retient toute notre attention. Des études comparatives, incluant votre variante, et l’avis des habitants permettront à la Région de prendre une décision. Cela permettra également de valider l’opportunité d’une Ligne Nouvelle dans le Var.
A court terme et pour accompagner la réalisation de la LN PCA entre Marseille et Aubagne, ainsi qu’entre Le Muy et Nice, « La Région Coopérative » soutiendra la modernisation et l’augmentation de capacité de la ligne existante entre Aubagne et l’agglomération toulonnaise, pour accompagner l’accroissement des trafics TER et TGV.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos salutations distinguées
Les co-têtes de liste de « La Région Coopérative »
Sophie Camard et Jean Marc Coppola